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« Je sème mes céréales au monograine »

Jean-Luc Lafont est satisfait de son semoir polyvalent. Il estime que le semis monograine de céréales est particulièrement adapté aux blés hybrides.

Toujours à l’affût de nouvelles techniques, Jean-Luc Lafont utilise un prototype de semoir monograine avec des écartements à 25 cm pour implanter l’intégralité de ses cultures.

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Patience et volonté de progresser sont deux qualités indéniables de Jean-Luc Lafont, installé sur 165 hectares à Bayet (Allier). Avec son fils Romain, qui exploite depuis peu 140 ha sur la même commune, ils font partie des très rares propriétaires d’un semoir monograine Monosem avec des éléments à 25 cm, un prototype qui n’est pas encore au catalogue du constructeur français. Avec, ils sèment maïs, tournesol, lin, colza mais aussi du blé. Une pratique peu courante née d’un tragique événement.

Une version à 17 rangs

« Je semais déjà en quinconce avec un Twin-Row Monosem lorsque nous avons été victimes d’un incendie criminel sur notre hangar, rappelle Jean-Luc. Le Twin-Row n’a pas résisté. » Père et fils veulent reprendre un Twin-Row mais Monosem leur propose une solution inédite : le prototype de 17 rangs à écartement de 25 cm qui va être dévoilé sur Agritechnica et permet le binage des céréales. Sitôt le salon terminé, le matériel arrive chez Jean-Luc qui sème ses premiers hectares à la fin de novembre 2019, dans des conditions pédoclimatiques déplorables.

Il faut dire que les terres des Lafont ne sont pas faciles. « Nous passons des limons à des parcelles tellement argileuses qu’un potier pourrait attendre au bout », plaisante Jean-Luc. L’agriculteur profite de l’intersaison pour peaufiner ses réglages et adaptations. « En conditions sèches, je monte des socs à oreilles afin que la terre desséchée ne retombe pas dans le sillon, précise-t-il. Je vais jusqu’à semer sans soc dans les terres très collantes. » Et quelles que soient les conditions, il veille toujours à très bien refermer le sillon : « C’est impératif avec un semoir à disques, pour prévenir les attaques de limaces. »

Jean-Luc Lafont est très attentif à la bonne fermeture de la ligne de semis. Il alterne les types de roues plombeuses en fonction des conditions et des cultures. (©  C. Le Gall/GFA)

Changer de paradigme

Jean-Luc Lafont le reconnaît, pour semer les céréales au monograine, il faut accepter de bousculer ses certitudes. Sur la préparation du sol d’abord. « Il faut oublier l’itinéraire habituel avant le passage d’un combiné de semis, martèle l’agriculteur. Avec notre système, le sol doit être aussi bien préparé pour les céréales que lors d’un semis monograine. » Il alterne ainsi les passages de déchaumeurs à disques, à dents puis encore des disques. L’autre changement est celui de la densité de semis. Après des essais avec Arvalis, Jean-Luc sème le blé hybride à 100 grains par m² et les lignées à 150 gr/m².

Cette année, le rendement a atteint 118 q/ha par endroits, pour une moyenne à 80 q/ha sur l’exploitation. « Les essais d’Arvalis ont conclu à un gain de 7 à 8 q/ha en faveur du monograine à 150 gr/m² » précise l’agriculteur, qui se passe désormais des régulateurs de croissance. « Comme les plantes ont plus de lumière, les tiges sont plus grosses et résistent mieux. Je pilote également l’azote en décalage, avec quatre, voire cinq apports uniquement sous forme solide et avec un épandeur à rampe. »

Pour le maïs, Jean-Luc sème deux rangs sur trois et il teste encore plusieurs options pour le colza : à 25 cm avec une faible densité ou à 50 avec une densité plus élevée (50 gr/m²). Une chose est sûre, il n’a pas fini de faire évoluer son système… Tout en restant prudent. Le fidèle combiné de semis est toujours dans la cour, « par sécurité et pour finir les chantiers si nous sommes pris par le temps ».

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